La France au XVI e siècle

Friday, November 07, 2008


L'Humanisme

( 1300 - 1600 )

1 ) Philosophie qui met l'homme et les valeurs humaines au dessus de tout.

2 ) Mouvement intellectuel de la Renaissance, né en Italie au XIVème siècle, qui s'étendit progressivement en Europe et s'épanouissant au XVIème siècle. Il est marqué par le retour aux textes antiques qui servirent de modèle de vie, d'écriture et de pensée. Pétrarque, Ficin, Pic de la Mirandole, Erasme en furent les principaux représentants.

Méthode de formation intellectuelle basée sur les humanités.

3 ) Conception philosophique pour laquelle l'homme constitue la valeur suprême ou encore une fin et non un moyen.

4 ) Mouvement intellectuel de la Renaissance, né en Italie au XIVème siècle, qui s'étendit progressivement en Europe et s'épanouissant au XVIème siècle. Il est marqué par le retour aux textes antiques qui servirent de modèle de vie, d'écriture et de pensée. Pétrarque, Ficin, Pic de la Mirandole, Erasme en furent les principaux représentants.

Méthode de formation intellectuelle basée sur les humanités.

Conception philosophique pour laquelle l'homme constitue la valeur suprême ou encore une fin et non un moyen.

Introduction

Chez les Romains, humanitas désigne toute chose élevant l'homme à une place à part des autres êtres vivants. Durant le Moyen Age, on parle de humaniores litterae ou lettres humaines. Elles représentent l'ensemble des connaissances profanes enseignées dans les facultés des arts, contrairement aux diviniores litterae ou lettres divines qui commentent la Bible et qui sont le support de la religion chrétienne révélée par les facultés de théologie.

Les lettres humaines représenteront au XVIème siècle un enseignement constitué des principales disciplines issues de la tradition médiévale, complété des études sur les textes antiques. Ce complément est appelé par les écrivains de cette époque instauratio, restauratio, restitutio banarum litteratum. D'autres l'appèlent reflorescentia, renascentia. Rabelais parlera dans Pantagruel (voir l'image) de humanitas. Et ceux qui s'intéressent à ces lettres humaines seront appelés humanistes.

Pour les humanistes, l'homme est placé au centre de toute question. S'appuyant sur la sagesse des auteurs antiques, ils souhaitent bâtir une société différente, désirant atteindre la perfection, que ce soit au niveau de la moralité ou des arts. Ce changement s'opère à partir des écrits anciens et non avec comme support les écritures saintes, s'opposant de ce fait à la pensée scolastique du Moyen Age.

Les personnes motrices de ce bouillonnement sont Erasme, Juan Luis Vives, Guillaume Budé, Jacques Lefèvre d'Etaples, Lorenzo Valla, Ange Politien, Jean Pic de la Mirandole, Pétrus Ramus, León Battista Alberti, Marsile Ficin et la famille Estienne. Ces humanistes souhaitent éduquer l'homme pour le grandir. Grâce aux progrès de l'imprimerie, les oeuvres d'Erasme, de Rabelais ou Montaigne peuvent être diffusées à des centaines d'exemplaires.

Cette référence aux écrits antiques s'accompagne de l'idée que la culture est le moteur de l'évolution de l'homme. Déjà pour les Romains l'humanitas s'oppose à la vertu qui met en avant les vertus "mâles" : courage et énergie. Ainsi les humanistes, en s'appuyant sur ces textes latins, établissent un idéal qui n'est ni la sainteté ni l'héroïsme militaire.

Histoire

L'humanisme, mouvement d'idées qui culmina en Europe au XVIe siècle, et position qui place au-dessus de toutes les valeurs la personne humaine et la dignité de l'individu.
L'humanisme en tant que mouvement visant à renouer avec certaines valeurs de l'Antiquité fait partie intégrante de la Renaissance. Il prit naissance au XIVe siècle en Italie, avec Pétrarque, Boccace, et prospéra au XVe siècle avec Marsile Ficin, mais il se développa partout en Europe, notamment en France, où il se nourrit en particulier de la pensée de l'école de Chartres.

En Italie, des érudits comme Coluccio Salutati (1331-1406) et le Pogge diffusèrent des œuvres d'auteurs romains, tandis que d'autres, comme Guarino Veronese (1374-1460) et Francesco Filelfo (1396-1481) révélèrent à leurs contemporains des auteurs grecs de l'Antiquité. Des poètes néo-latins remirent au goût du jour les formes de la poésie latine et des philologues comme Lorenzo Valla inaugurèrent la critique philologique des textes bibliques. Parmi les savants humanistes admirés pour leur érudition et leur esprit de liberté figure Pic de La Mirandole, qui publia neuf cents thèses à débattre par des philosophes et des théologiens. À Florence se développa une Académie dès le XVe siècle (à laquelle succédèrent d'autres académies, telle l'académie Crusca en 1582); véritable creuset de l'humanisme italien et européen, elle reçut une forte impulsion des érudits byzantins qui s'y fixèrent après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453. Opposée à l'aristotélisme, réintroduit en Europe par des philosophes arabes tels qu'Averroès et Avicenne puis repris par Thomas d'Aquin et en faveur dans de nombreuses universités, en particulier celle de Padoue, l'académie de Florence opéra un retour à la philosophie de Platon. Le promoteur de ce néoplatonisme humaniste fut Marsile Ficin, qui, sous l'égide de l'homme d'Etat florentin Cosme de Médicis, rassembla les humanistes de Florence et entreprit avec Pic de La Mirandole une collaboration parfois orageuse. Il influença même des théologiens en les incitant à la tolérance, comme l'Allemand Nicolas de Cuse, auteur de la Docte Ignorance (1440).

Le début de l'humanisme français fut marqué par le philosophe et théologien Jean de Gerson et ses amis du collège de Navarre, fondé en 1304 sur l'emplacement de la future école Polytechnique sur la montagne Sainte-Geneviève à Paris. Comme dans le reste de l'Europe, le développement des imprimeries (celle de la Sorbonne fut installée vers 1470 sous l'impulsion de Guillaume Fichet) facilita l'enseignement du grec (propagé par Guillaume Budé) ainsi que du latin et de l'hébreu.


Le même engouement humaniste pour la culture et la tolérance se répandit en Allemagne, notamment avec Johannes Reuchlin, qui s'était rendu à Florence et qui avait connu Pic de La Mirandole et Ficin. Au nom de ces idéaux et contre l'avis de l'empereur germanique Maximilien Ier, qui voulut détruire tous les textes hébraïques hors la Bible, comme le Talmud et les écrits de la Kabbale, Reuchlin défendit la thèse selon laquelle ces écrits faisaient partie d'un héritage précieux pour l'humanité. La lecture critique des textes sacrés dans l'esprit de liberté se prolongea en Allemagne au XVIe siècle avec les défenseurs de la Réforme, notamment Mélanchthon, qui tenta d'apaiser certaines querelles théologiques entre catholiques et réformés.

En France, Jacques Lefèvre d'Etaples reprit, sous l'influence de Reuchlin, l'enseignement de l'hébreu qu'il considéra comme élément de la culture humaniste. L'humanisme prit un nouvel essor avec la création par François Ier du Collège des lecteurs royaux (futur Collège de France). La traduction des ouvrages d'auteurs anciens, mise en valeur par Etienne Dolet, permit la large diffusion d'un platonisme christianisé, fortement revendiqué par les humanistes français, qui marqua au milieu du XVIe siècle les poètes de la Pléiade comme Ronsard et Du Bellay. En philosophie, Montaigne, tout en soutenant que la raison n'est qu'une « raison déraisonnable » qui ne permet pas d'établir les lois de la nature ni de constituer une science universelle, accorda à la raison le pouvoir de libérer l'homme des idoles et des vérités « toutes faites » issues de la scolastique. Par l'autonomie de la raison, Montaigne affirma également l'autonomie de l'homme.

Dans le reste de l'Europe, l'humanisme marqua les débuts de la Réforme; il se répandit notamment grâce au Hollandais Erasme, qui écrivit, après avoir séjourné chez Thomas More en Angleterre, Eloge de la folie (publié à Paris en 1511). Son ouvrage parvint également en Angleterre, où l'humanisme fut implanté à l'université d'Oxford par les érudits William Grocyn (1446-1519) et Thomas Linacre (v. 1460-1524), tous deux maîtres de Thomas More. L'humanisme exerça une influence décisive sur la littérature anglaise et marqua en particulier le théâtre élisabéthain.

L'humanisme, parti d'un retour aux textes et à certaines valeurs de l'Antiquité, s'est adjoint tout naturellement l'esprit de liberté et d'indépendance à l'égard des dogmes trop rigides et constitua incontestablement un courant qui, grâce à la Réforme, permit une nouvelle libération des hommes et l'apparition d'un esprit de tolérance nourri de ce que le Don Juan de Molière manifestera à l'égard du pauvre homme qui lui indiquait son chemin, l'« amour de l'humanité ».

L'humanisme de la Renaissance s'est maintenu dans le monde occidental jusqu'à la rupture opérée par Nietzsche avec la morale judéo-chrétienne: déclarant la « mort de Dieu », il ouvrit la voie à l'humanisme athée. La référence à l'Homme comme sujet universel, qui agit au nom des valeurs, disparut complètement avec certains mouvements idéologiques du XXe siècle et des philosophies très diverses, dont celles de Heidegger en Allemagne ou de Foucault en France donnèrent la mesure.

Les débuts de l'humanisme

Si traditionnellement les historiens font débuter ce mouvement avec Pétrarque et Boccace au XIVème siècle en Italie, nous pouvons considérer Protagoras, sophiste du Vème siècle avant Jésus-Christ comme le premier représentant de l'humanisme. En effet pour lui "l'homme est la mesure de toutes choses."

Mais revenons au XIVème siècle qui voit ce mouvement grandir de façon importante. Les Turcs envahissant Constantinople, nombre de Grecs s'enfuient pour se réfugier dans la péninsule italienne. Avec eux, ils apportent des manuscrits dans leur langue d'origine. Ainsi Coluccio Salutati (1331-1406) et Le Pogge (1380-1459) traduisent des oeuvres romaines, alors que d'autres, comme Guarino de Vérone (1374-1460), Francesco Filello (1396-1481) et Giovanni Aurispa (1376-1459) traduisent des ouvrages grecs antiques. La poésie latine est redécouverte grâce notamment à Lorenzo Valla (1407-1457). Pic de la Mirandole fait partie des humanistes savants appréciés pour leur érudition. Il publie les neuf cent thèses, alimentant le débat entre philosophes et théologiens.

La diffusion de ces textes est favorisée par les progrès de l'imprimerie, mais aussi par le développement des villes et des universités, point de ralliement de nombreux humanistes. De nouveaux métiers apparaissent, liés à l'enseignement, l'édition ou la réflexion sur la vie sociale. Des artistes s'inspirent de ces nouvelles idées, Ligorio peignant par exemple "l'Allégorie des Sciences" (voir l'image).

Les princes italiens protègent les humanistes, ces derniers grandissant le prestige de leur protecteur. Les Médicis en sont une excellente illustration pour la ville de Florence. Ici, Pic de la Mirandole, Bembo et Policien se regroupent sous l'égide de Ficin, sous la protection de Cosme de Médicis. Grâce à l'encouragement des Médicis, Ficin traduit Platon et ses adeptes. Florence est la première ville à se voir dotée d'une académie, qui regroupe beaucoup d'humanistes. Dès 1453, les Turcs lui donnent une impulsion. Cette académie s'oppose à la pensée d'Aristote introduite en Europe par Averroes et Avicenne entre autres, mettant en avant celle de Platon.

L'expansion de l'humanisme

L'humanisme se propage en premier lieu en Allemagne et en Hollande. En Allemagne c'est Johannes Reuchlin qui, ayant voyagé à Florence, favorise son introduction. Reuchlin s'oppose à l'empereur Maximilien 1er (voir l'image)(ce dernier ne souhaitant pas des écrits hébraïques à part la Bible), affirmant que ces textes interdits sont partie prenante du patrimoine culturel de l'homme. Pour la Hollande, C'est Érasme qui en est le plus éminent représentant. L'Allemagne et la Hollande connaissent une importante expansion de l'imprimerie, ont des foires aux livres et sont des terres favorisant les échanges culturels.

L'humanisme arrive en France par les terres papales d'Avignon. En effet, Pétrarque et Boccace y vivent. Il existe bien déjà un humanisme français depuis Charlemagne et également présent à l'école de Chartres au XIIème siècle. Ce dernier est plus axé sur la morale et la vérité scientifique que ne le sera son équivalent transalpin. Développé par Gerson (1363-1429), Jean de Montreuil, Nicolas de Clémanges (1363-1437), Laurent de Premierfait, les frères Gontier et Pierre Col, Jacques de Nouvion et Jean Muret. Des traductions de Tite-Live et d'Aristote sont déjà connues à la Cour de Charles V. Mais ce sont surtout les guerres d'Italie et François Ier qui favorisent son développement dans notre pays. Ce dernier créé le collège des lecteurs royaux. On y enseigne le grec, le latin et l'hébreu, cette dernière langue étant principalement enseignée par Jacques Lefèvre d'Étaples.

Dans notre pays, Etienne Dolet permet la diffusion d'une pensée inspirée de Platon, adaptée au christianisme. Cette pensée influence les poètes de la Pléiade comme Ronsard ou du Bellay. Montaigne soutient que la raison permet à l'homme de se libérer des vérités toutes faites.
L'humanisme est également présent en Hongrie grâce au roi Mathias Corvin, en Pologne avec Jan Kochanowski (1530-1584), en Espagne avec le cardinal Cisneros (qui fonde une université trilingue à Alcalá de Henares) et Juan Luis Vives (1492-1540), en Hollande avec Erasme (voir l'image), Agricole et de Heek et en Angleterre plus tardivement avec John Colet (1467-1519) et Thomas More (1478-1535).

Ainsi vers 1530, ce mouvement touche toute l'Europe, l'unifiant dans un même idéal, cette pensée optimiste, croyant dans le progrès humain. Et dans cet élan, tout le monde s'y retrouve : religieux, artistes (Léonard de Vinci (voir l'image)), lettrés (François Rabelais), philosophes (Bacon). Ce mouvement entraîne la création de nouvelles fonctions comme la géographie, la cosmologie, la philosophie politique et la pensée historique. L'humanisme entraîne la Réforme de l'église, notamment avec Erasme et son Eloge de la folie (1511) qui est introduite en Angleterre par William Grocyn (1446-1519) et Thomas Linacre (vers 1460-1524). L'humanisme implique la liberté et l'indépendance vis à vis de la religion. Il permet une libération des hommes et l'apparition d'une tolérance.

Les caractéristiques de l'humanisme

A partir de 1470, il se développe dans le domaine religieux. Il exprime le souci de réaliser une synthèse entre les écrits antiques et la tradition scolastique. Johannes Reuchlin (1455- 1522) remet au goût du jour l'hébreu et sa littérature. Guillaume Budé (1467-1540) étudie avec Erasme des écrits grecs et latins.

Ces humanistes sont avant tout chrétiens. Aussi vont-ils christianiser certains écrits antiques comme le Banquet de Platon par Marsile Ficin. Le platonisme, largement véhiculé par Ficin, se répand notamment en France grâce à Jacques Lefèvre d'Etaples (v 1450-1537), Charles de Bouvelles (v 1480-1533) et Symphorien Champier (1472-v 1539). Dans ce platonisme, c'est l'étude de Dieu comme principe ou comme fin qui est au centre du débat.

Après 1530 et la création du collège de France de François Ier (voir l'image), toujours avec Platon comme modèle de ceux qui recherchent un idéal, s'exprime un humanisme mené par les Français et qui exalte l'homme et ses qualités humaines. Il attire plusieurs couches sociales comme les bourgeois, les parlementaires, les avocats ou les médecins. Il gagne la Province, touchant les villes de Bourges, Orléans, Poitiers, Toulouse et Lyon.

Etienne Dolet publie en 1540 un traité sur la manière de bien traduire d'une langue en autre, mettant en avant l'art de la traduction. Ainsi sont éditées en français les oeuvres de César, Cicéron, Juvénal, Perse et Salluste chez les Romains ; Appien, Diodore, Epictète, Euripide, Homère, Isocrate, Plutarque et Platon chez les Grecs.

Ce renouveau de la pensée et de la littérature, côtoyant une affirmation du pouvoir royal et la découverte du Nouveau Monde, ouvrant les portes d'un temps perçu comme celui de l'âge d'or. Cet optimisme envers l'homme s'exprime à travers Rabelais (voir l'image) et son Pantagruel (1532) et Gargantua (1534). Marguerite de Navarre (1492-1549) (voir l'image) souhaite concilier le platonisme des humanistes et la pensée d'Aristote de la théologie traditionnelle. Cela devient difficile et s'ensuit le mouvement de la Réforme qui aboutira en France, hélas, aux guerres de religion.

Après 1547, au début du règne de Henri II (voir l'image), roi de France suite à la mort de François 1er, l'humanisme connaît un bel épanouissement. Cela est dû au travail de Henri II Estienne (1531-1598), d'Adrien Turnèbe (1512-1565) commentant Cicéron ou Denis Lambin (1516-1572) qui est lecteur royal.

Vont naître en même temps nombre de poètes, avec notamment ceux qui constituent le groupe appelé Pléiades. En effet, avant 1547, l'humanisme s'exprime en prose, exceptée la poésie de Clément Marot. Dès 1547, avec Ronsard (voir l'image) et du Bellay (voir l'image) encore à leur début, la poésie commence à devenir un genre majeur. Ainsi dans l'étude des écritures antiques vont être mises à jour la sensibilité et l'imagination des poètes grecs et latins. Ces poètes humanistes privilégient le génie individuel aboutissant au développement de la personnalité. Citons alors les oeuvres de Peletier (Uranie en 1555), Ronsard (Hymnes en 1555-1556) ou du Bellay (Antiquités de Rome en 1558).

L'humanisme connaît une mutation en 1560. L'affaire des Placards en 1534, le massacre des Vaudois en 1545 ou les guerres de religion sonnent la fin de l'humanisme optimiste. Simon Goulart s'intéresse à l'œuvre de Sénèque en 1555 qu'il traduit entièrement. Nombre de traités traduits permettent, dans ces années de trouble, de trouver réconfort et résignation. Alexandre le Blancq traduit la Consolation à Appollonius de Plutarque en 1571, Robert Garnier puise ses idées dans la traduction de Sénèque. Au début du XVIIème siècle, cet humanisme est à la source de l'inspiration de J.P Camus et Pierre Corneille. Il imprègne la première moitié du siècle.
A côté du platonisme naît le concept de l'épicurisme qui n'arrive cependant pas à imposer les idées de retraite et de repli sur soi. Plutarque est l'auteur préféré durant ces années-là, surtout à travers les traductions de Jacques Amyot (1513-1593).

L'humanisme devient politique. Cela se reflète dans les Discours de Ronsard (1562) ou dans les oeuvres de Michel de l'Hopital (1505-1573) qui dénonce la guerre civile. Les idées de Machiavel (voir l'image) sont mises à mal dans les Discours de la servitude volontaire de la Boétie, dans les textes de François de la Noue (1531-1591), Innocent Gentillet et Jean Bodin (1530-1596).
Avec Montaigne (1533-1592) (voir l'image), l'humanisme se transforme. S'il puise également son inspiration dans les écrits anciens, il ne place pas l'homme au-dessus de toute création comme le faisaient les humanistes de Pétrarque à Rabelais. Avec lui, l'humanisme s'humanise.

Mais l'expansion de ce mouvement humaniste rencontre des résistances. Celle-ci s'exprime chez les nobles, dans les universités liées à la théologie, parmi les mondains. Les nobles méprisent cette nouvelle culture. Ceux qui enseignent les langues anciennes sont désignés de façon plutôt péjorative. Heureusement, ils bénéficient de la protection des princes pour s'imposer. Les universités où est enseignée la théologie voient d'un mauvais oeil cet esprit d'analyse qui critique la religion et qui remet en cause les écrits traditionnels dans les traductions des textes grecs. Quant aux mondains, ces derniers ne souhaitent pas trop s'investir intellectuellement et ignorent donc ce mouvement. ( Azadeunifr )

Les influences de l'humanisme

L'humanisme influence pleinement la vie du XVIème siècle car ceux qui le revendiquent ne sont pas des personnes déconnectées du réel. Très épris d'histoire, ils souhaitent mieux armer l'homme pour répondre aux problèmes de la vie.
Dans l'humanisme, les sciences ne sont pas incluses et leur évolution se fait en marge de ce mouvement. Ainsi Bernard Palissy (v 1510-v 1590) ou Ambroise Paré (v 1509-1590) (voir l'image) n'accordent pas cette importance aux auteurs antiques. Ils préfèrent se baser sur l'expérience et la pratique. Cependant certains écrits comme ceux d'Archimède sont étudiés, notamment par Copernic (voir l'image). Celui-ci pense que l'expérience passée est nécessaire aux découvertes à venir.
Dans le domaine religieux, l'humanisme reste dans un premier temps fidèle à la foi. Peu d'humanistes intègrent le mouvement de la Réforme. Ils ne veulent pas céder à l'idée de Néant pour l'homme, soutenue par Sextus deux cents ans avant Jésus-Christ, et qui renaît à la fin du XVIème siècle. Par exemple, pour Montaigne, l'humanisme n'implique pas la croyance, mais il ne l'exclut pas non plus.

L'humanisme affecte également la vie politique. Le Prince est la personne centrale de l'ordre étatique. Les humanistes lui rappellent ses devoirs envers Dieu, ses sujets et lui-même. Ils appellent le peuple à participer plus à la vie civique. Les humanistes mettent en avant l'idée d'un sentiment national. Des historiens tels qu'Etienne Pasquier (1529-1615) et Claude Fauchet (1530-1602) travaillent sur l'origine du peuple français.

Ce mouvement modifie également le discours amoureux en le rendant plus mystique, et intervient dans le domaine de l'éducation où les humanistes souhaitent inculquer aux enfants les bases du savoir et du savoir-vivre pour les rendre plus humains en grandissant. Concernant la littérature, l'humanisme met en avant des thèmes tels que la nature, la vertu, la gloire et l'amour. Il fait naître le genre du dialogue et la tragédie française avec la Cléopâtre captive de Jodelle (1532-1573) (voir l'image).

L'évolution de l'humanisme jusqu'au XXIème siècle

L'humanisme, né pendant la Renaissance, continue de s'exprimer, à travers Kant par exemple. Au XVIIIème siècle, les penseurs des Lumières affirment que l'humanité de l'homme est universelle en chacun d'entre eux, quelque soient ses différences (origine, milieu) ou ses particularismes (nationaux, ethniques).

Cette vision est attaquée au XIXème siècle car jugée abstraite. Et à cette époque, la nation désigne la seule réalité. D'où il est affirmé que chaque homme fait partie d'une humanité particulière.

Au XXème siècle, les représentants du nationalisme et du fascisme reprennent cette idée de "esprit du peuple" ou "issu d'une terre". Mais là nous atteignons l'anti-humanisme. Aussi l'humanisme moderne, issu des Lumières, s'exprime dans la nécessité de s'émanciper et non dans l'idée d'enracinement ou de fidélité, concepts horriblement exploités.

Après la seconde guerre mondiale, l'humanisme s'exprime à travers le mouvement existentialiste. Par la suite, parler d'humanisme revient à savoir conserver une vision de l'homme, libre et autonome, sans l'enfermer dans son appartenance (ethnie, religion) ou le limiter à son inconscient ou d'en faire le produit de facteurs socio-économiques.
L'humanisme, né au XVIème siècle, est toujours un concept d'actualité. La Renaissance et notre époque contemporaine ont sûrement des points communs, mais cela sera peut être l'occasion d'un autre débat. ( Azadunifr )


Écrivains humanismes

Jacques Amyot ( 1513-1593 )

Il est le précepteur et le grand aumônier de Charles IX et d'Henri III. Il est également évêque d'Auxerre. Il traduit Plutarque (Vies parallèles - 1559), Longus et Héliodore. Il influencera de Montaigne à la Révolution française.

Marguerite d'Angoulême ( 1492-1549 )

Sœur aînée de François 1er, veuve de Charles IV en 1525, elle épouse en 1527 Henri d'Albret, roi de Navarre. Elle protège les réformés et sa cour est un foyer d'humanistes. Elle écrit l'Heptaméron et des recueils de poésies.

Rémi Belleau ( 1528-1577 )

Poète, il est membre de la Pléiade. Il a écrit des poésies pastorales (La Bergerie).

Jean Bodin ( 1530-1596 )

C'est un magistrat mais également un philosophe. Il développe dans son traité La République l'idée d'une monarchie tempérée par les états généraux.

Guillaume Budé ( 1467-1540 )

Il restaure les études grecques (Commentaires sur la langue grecque - 1529) et juridiques (Annotations aux Pandectes - 1508). Son oeuvre maîtresse est De asse (1514). Il participe à la création des "lecteurs royaux" qui devient ensuite le Collège de France.

Joachim du Bellay ( 1522-1560 )

Poète, c'est l'ami et le collaborateur de Ronsard. Il rédige le manifeste de la Pléiade (Défense et illustration de la langue française). A Rome il est le secrétaire de son cousin Jean du Bellay. Il en rapporte deux recueils : les Antiquités de Rome et Les regrets. Ils expriment ses déceptions et ses nostalgies.

Etienne Dolet ( 1509-1546 )

Il est imprimeur. Il publie les Commentarii linguae latinae en 1536-1538. Il publie également des almanachs et des satires. Après la publication du Cato christianus en 1538, Il est accusé d'hérésie et d'athéisme et est emprisonné. Condamné à mort, Il est pendu et brûlé en 1546.

Dorat (de son vrai nom : Jean Dinemandi) 1508-1588 Il est le maître de Ronsard et de Du Bellay. Il fait partie de la Pléiade.

Estienne (famille)

C'est une famille d'humanistes, d'imprimeurs et d'éditeurs. Robert 1er Estienne (1503-1559) publie des dictionnaires bilingues de latin et de français. Henri II Estienne (1528-1598) défend l'emploi de la langue nationale dans son projet "De la précellence du langage français".

Etienne de La Boétie ( 1530-1563 )

Il est l'ami de Montaigne. Il écrit des sonnets. Il analyse la tyrannie dans son Discours de la servitude volontaire.

Jacques Lefèvre d'Etaples ( vers 1450-1536 )

C'est un théologien (vicaire général de Briconnet) humaniste. Il fonde le "Cénacle de Meaux". Il traduit et commente la Bible. Il ne renie pas les idées de Luther, cequi fait qu'Il est soupçonner de favoriser la diffusion des idées des réformés et donc pourchassé. Marguerite de Navarre le protège et l'aide à poursuivre ses recherches. Il est un des meilleurs représentants de l'humanisme chrétien.

Michel Eyquem de Montaigne ( 1533-1592 )

Il est conseiller à la cour des aides de Périgueux. Il est ensuite au parlement de Bordeaux. Il quitte sa charge en 1570 et se consacre à sa "bobliothèque". Il écrit les essais en 1580. Cet ouvrage est enrichi jusqu'à sa mort. Il y établit l'impuissance de l'homme à trouver la justice et la vérité. Il voyage en Europe de 1580 à 1581. Pour lui l'art de vivre doit se fonder sur une sagesse prudente, issue du bon sens et la tolérance.

Marc-Antoine Muret ( 1526-1585 )

Il est humaniste et auteur de poésies latines (Juvenilia).

Etienne Pasquier ( 1529-1615 )

Il est avocat au parlement de Paris en 1549. Il défend la royauté contre la Ligue et écrit une grande encyclopédie méthodique (Recherches de la France - 1560-1621).

François Rabelais ( 1494-1553 )

Il est franciscain puis bénédictin, étudiant et médecin pour finir curé de Meudon. Il écrit des oeuvres proches des almanachs (Horribles et Epouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel, Vie inestimable du grand Gargantua). Il y concilie culture savante et tradition populaire. (Tiers Livre - 1546, Quart Livre - 1552, Cinquième Livre - 1564). C'est un modèle des humanistes de la Renaissance, renouvelant l'idéal philosophique de leur temps.

Ramus (de son vrai nom : Pierre de la Ramée) ( 1515-1572 )

Humaniste, mathématicien et philosophe français, il est en délicatesse avec la Sorbonne pour son opposition à l'aristotélisme. Il est le premier professeur de mathématiques au Collège de France. Il se convertit au calvinisme et est assassiné au lendemain de la Saint Barthélémy.

Pierre de Ronsard ( 1494-1553 )

Atteint d'une demi-surdité précoce, il se consacre à l'étude des lettres latines et grecques. Il fait partie du groupe de la Pléiade et souhaite renouveler la poésie française. Sa poésie est érudite (Odes - 1550-1552), épique (Les Hymnes - 1555-1556). Il est poète à la cour de Charles IX et hostile à la Réforme (Discours des misères de ce temps - 1562-1563). Son épopée de La Franciade (1572) reste inachevée. Son oeuvre, un temps oubliée, sera réhabilité par Sainte-Beuve.

Melin de Saint Gervais (1491-1558 )

C'est un poète de cour, ami de Clément Marot et l'adversaire de Ronsard.

Joseph Juste Scaliger (de son vrai nom : Giuseppe Giusto Scaligero) ( 1540-1609 )

Humaniste d'origine italienne, fils de Jules César Scaliger, il se convertit au protestantisme.

Maurice Scève ( 1501-1560 )

C'est un poète, auteur d'une oeuvre amoureuse (Délie) et épique et cosmique (Microcosme).

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Humanisme au XVIe siècle

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